Retrouvé sur velo101 :
Le titre de l'article est "Softened" que je traduis par "ramolli" et est dispo en anglais in zeu text à
http://www.efbe.de/defbefrm.htm
et en français ci-dessous :
Softened
C'est extrait d'un article paru dans le magazine allemand TOUR qui cherche à répondre à la question : les cadres de vélo se ramollissent-ils vraiment au cours de leur existence ?
Texte et photos de Robert Kuehen (TOUR 10/98).
"Après l'avoir utilisé pendant 3 ans, mon cadre était si mou que je ne pouvais même plus enlever mes mains pour enfiler un imper". C'était le discours d'Uwe Marshall, un fabricant de cadre de Dortmund/Allemagne lorsqu'il a débuté sa carrière de courreur dans sa jeunesse.
Michael Fitzek, cycliste passioné avec un penchant pour les courses en montagne est également certain d'avoir contribué à dégrader son cadre. "En descente à 60 Km/h le cadre avait tendance à s'écraser (ndlr je pense que flatter doit être traduit à partir de flat et non de flatter...si quelqu'un a mieux), ce qui ce qui ne se produisait pas avant" mais il ne trouvait pas ceci étrange "rien de surprenant, j'utilise ce cadre depuis 40 000 Km".
Fitzek n'est pas le seul de cet avis. Les cyclistes rapportent régulièrement que leur cadre est fichu. Ils appellent cet état "ramolli" (ndlr pour "softened". Nous on dirait rincé, naze...)
Quelle belle image : le cadre en métal lessivé par la puissance des muscles. Mais cela est il exact ?
[belle photo de la machine à torturer le cadre, avec un commentaire en teuton]
Ainsi, TOUR a confié (ndlr "hired" c'est pas bénévole, y a des sous) à Manfred Otto, spécialiste des examens de cadre à Bochum/Allemagne le soin de modifier le banc de test de fatigue des cadres pour enregistrer la rigidité en fonction du temps.
Ensuite un certain nombre de cadre en alu soudé sont passés au test standart de l'institut EFBE par application d'une force de 1.200 N, 100.000 fois de chaque côté. Le cadre est placé de manière la plus réaliste possible : la force est appliquée avec un angle de 10 degrés ce qui conduit à des des efforts latéraux considérables sur le cadre. 6 cadres ont été essayés ainsi.
Le résultat est clair. Pendant la totalité des essais la rigidité a diminuée d'un maximum de 4%. Peu de temps avant la rupture du cadre -dans un maximum de 1000 cycles (pédalage) avant la rupture-, ils étaient devenus progressivement plus flexibles.
Manfred Otto commente les résultats ci-après :
"pendant 99% du temps d'application de l'effort la modification de la rigidité du cadre est si faible que le cycliste ne peut pas s'en apercevoir. Quand la déformation supplémentaire a atteint quelques mm, le courreur peut s'en rendre compte. Lorsque le cadre est sous contrainte, des criques (fissures) peuvent déjà être détectées". Il faut ajouter que des bruits apparaissent souvent lorsque la rupture du cadre est imminente.
A propos : les 3 cadres légers testés dans le numéro 10/97 dans le magazine TOUR et qui n'avaient pas cassés (ndlr le test est destructeur et les cadres ne s'en sortent pas tous, de loin), n'ont pas montrés de baisse de la rigidité du tube de direction après leur dépose de la machine."
[courbe des tests]
Rolf Goelz, un ancien cycliste professionnel ("successful" = qui a bien marché) peu avant l'équipe Telekom, confirme ces mesures.
Même après avoir utilisé son cadre sur plus de 30 000 Kms, le cycliste professionnel ne perçoit pas de flottements désagréables. "j'ai utilisé le cadre du début à la fin de la saison et ce pendant 4 ans - sans le moindre problème". Ses clients également (Goelz à une boutique de cycles) ne se plaignent pas souvent.
Bruegelman, qui vend également des vélos, est d'accord puisque le personnel n'a entendu parler que de cadres qui tiennent et de ceux qui cassent mais rien entre les deux.
Alors, ces histoires provenant de cyclistes parfois expérimentés sont-elles seulement le fruit de leur imagination ?
La théorie confirme l'expérience
De toute façon, les considérations sur les matériaux et la connaissance de la fatigue (ndlr des matériaux, of course) renforce la thèse que les cadres ne peuvent être dégradés par une utilisation intensive.
De ce fait, la rigidité ne peut être affectée que si des criques (fissures) altèrent la structure.
Il n'existe rien qui ramollisse le métal (modification de l'E-module pour parler technique) à mettre en relation avec les déformations élastiques.
Cependant, les cadres de course sont généralement suffisement solides (ndlr stability doit être traduit dans ce sens, je pense) pour éviter les déformations permanentes qui pourraient affecter la structure interne de manière remarquable.
La plupart des cadres de course ne vont cependant pas durer indéfiniment, puisqu'il ont été fabriqués à cet usage qui n'est pas ordinaire. Les cadres légers ne sont pas conçu pour être éternels, mais pour la période prévue.
Donc logiquement, la force humaine malmène le matériau et le cadre finit pas casser.
Cette rupture commence par des criques microscopiques qui s'étendent d'abord lentement. Lorsque ces micro-fissures ont atteint une taille critique, la rupture du cadre n'est plus loin. Il est peu probable que le cycliste s'aperçoive de la perte de rigidité qui se produit avant la rupture du cadre.
Quiconque a déjà vécu la rupture d'un cadre ou d'un autre composant sait que ça se produit soudainement (ndlr je me souviens d'une rupure de potence...me suis retrouvé avec le cintre dans les mains, accroché par les câbles au vélo, l'air con à 30 Km/h...sans que ça prévienne).
C'est tout en ce qui concerne la réaction des métaux.
Y a-t'il un comportement identique avec les matériaux de synthèse à fibres ? Le Dr Juerguen Haeberle, expert bien connu par les lecteurs de TOUR comme étant le créateur du cadre de course le plus léger, dit "le point faible des constructions utilisant des mélanges avec des fibres (ndlr euuh..."compound"...mélange ?) est que les jonctions sont mal conçues ou réalisées, principalement à la jonction des manchons ou éléments métalliques.
Les composants du mélange fibreux se satisfont de micro-fissures affectant la rigidité du cadre. A noter que ces micro-fissures ne s'étendent pas si la charge est en dessous d'une valeur critique. Ainsi, des cadres qui ont été construits avec une marge de sécurité normale ne feront pas l'objet d'une perte de rigidité sensible à l'utilisation".
En effet, des cadres particulièrement anciens avec des tubes assemblés par des manchons en aluminium ont déjà cassé en plusieurs occasions. Le point faible est généralement la jonction qui s'est défaite. Avec ces cadres, il est possible qu'une perte sensible de rigidité apparaisse, à cause de la jonction défectueuse. Comme la colle doit être basiquement élastique pour permettre d'assembler le carbone et l'aluminium, deux matériaux à la dilatation différente en fonction de la température, il est possible qu'un joint en partie décollé conduise à une jonction plus flexible et que ceci affecte les qualités du cadre de manière notable. Cependant, seule une mesure peut renseigner sur la rigidité du cadre.
En général personne ne peut juger de la durabilité des collages qui peuvent être très bon, comme le démontre les résultats exceptionels des tests menés sur les fourches collées - l'art de l'assemblage par collage a bien évolué.
Quand le cadre s'écrase subitement
Quand le cadre semble subitement ne plus répondre, les composants du vélo sont immédiatement soupçonnés, en premier lieu les roues et le poste cintre/potence.
Progressivement, les rayons des roues se détendent (en fonction de l'habileté du monteur) et donc la rigidité (ndlr dans un autre article ils démontrent le peu d'influence de la tension des rayons sur la rigidité, alors va savoir). La perte de rigidité latérale a un effet négatif sur le contrôle du vélo. Egalement, les roues mal centrées et voilées donnent l'impression de tourner rond mais induisent des mouvements périodiques dans la fourche (ndlr je suppose qu'il veulent parler aussi des bases/haubans) dès qu'elles sont en contact avec le sol. Egalement les déséquilibres dynamiques (ndlr équilibrage, comme les bagnoles...vélo à l'envers, faire tourner sa roue arrière à fond pour voir ce que ça peut produire...parfois impressionnant) causé par l'agglomération de matière. Une roue qui ne tourne pas rond, que ce soit causé par le pneu ou les rayons, provoque une oscillation du cadre. Du reste, le dessin et la pression de gonflage du pneumatique doivent être pris en compte.
Et donc, certains ont l'impression qu'un cadre de course est un système compliqué.
L'homme et le vélo
Après avoir clarifié les données technique du vélo, on a démontré que la thèse du "cadre qui ramollit" est fausse.
Maintenant, il est temps de s'attarder sur la raison qui pousse à penser que les cadres ramollissent.
La première idée est que nous désirons contamment posséder quelque chose de neuf et unique; c'est certainement pour cette raison que l'industrie nous promet plein d'améliorations ou tout simplement parce que nous n'aimons plus la couleur du vieux cadre.
De toute façon, si le vieux cadre est toujours bon techniquement, certains ont besoin d'arguments pour en convaincre d'autres de la nécessité d'acheter un nouveau vélo.
Parler de "cadre rincé" peut être convaincant pour des candides. D'un côté on souligne la grosse puissance et l'acharnement nécessaire à la destruction du solide cadre en métal et de l'autre côté on sous-entend qu'il est dangereux de continuer à l'utiliser. Même la personne la plus rigoureuse ayant en charge le budget familial ne peut résister à de tels arguments.
Le résultat : il est possible de détruire un cadre avec 2 fortes jambes et une robuste constitution. A long terme, c'est même probable.
En considérant nos tests, il est plutôt improbable qu'une perte de rigidité apparaisse au préalable.
Light is right.