https://www.bmc-switzerland.com/fr-fr/experience/bmc-tempo/julien_absalon_a_rider_re_born/Pas besoin de faire les présentations, vous connaissez tous Julien Absalon. Pourtant, c’est un champion discret, plus à l’aise sur le vélo que devant les caméras. Son palmarès parle d’ailleurs bien plus que de nombreux discours. Il est incontestablement le meilleur pilote VTT de l’histoire et continue de rouler avec la même passion et même motivation qu’il y a vingt ans lorsqu’il a commencé la compétition. Ce coureur discret domine son sujet depuis plus d’une décennie, mais cela n’a pas toujours été aussi facile que son palmarès peut le laisser croire.
Il est connu pour sa méticulosité et son souci du détail pour tout ce qui a trait à sa préparation et son matériel. Ce que peu de personnes savent en revanche,
c’est que cela a aussi été, pendant une période, le plus gros obstacle à sa progression. Pour continuer à être au sommet de son art, il a dû apprendre la plus difficile des leçons : prendre des risques, essayer de nouveaux équipements, perdre un peu de sa maîtrise et parfois échouer. Mais c’est tout cela qui fait qu’il est incontestablement le meilleur.
Le Cross-country olympique a énormément changé depuis ses débuts. Les temps de course ont été raccourcis, les parcours sont devenus plus compacts et plus techniques. Ils sont maintenant truffés d’obstacles naturels et artificiels tels que des pierriers, des drops, des sauts et des virages relevés. Les tactiques et méthodes d’entraînement ont donc dû s’adapter ; le matériel aussi.
Julien Absalon a commencé la compétition en 1994 sur un
semi-rigide en aluminium, équipé de roues de 26 pouces, de freins à étrier, d’un cintre de 550 mm et d’un pédalier triple plateaux. Pendant de très nombreuses années, il a été obsédé par le poids de sa monture. Alléger son vélo du moindre gramme était presque devenu un hobby. Il est d’ailleurs allé jusqu’à remplacer les vis en métal par des vis en plastique. « À l’époque, toutes mes décisions en terme de matériel étaient prises en fonction du poids. Je voulais avoir le vélo le plus léger possible » admet Absalon. « Le rapport poids-puissance était alors crucial. Les parcours favorisaient les bons grimpeurs et je voulais mettre tous les atouts de mon côté pour être le meilleur. »
Cependant,
il s’est lentement laissé déborder par les nouvelles technologies. Absalon était en effet le seul pilote du top 20 à rouler avec des roues de 26 pouces lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. « J’étais bien sur ce vélo et ne ressentais pas le besoin de passer sur de plus grandes roues. » Depuis, Julien Absalon a rejoint les rangs du BMC MTB Racing Team et il gagne au guidon d’un BMC Fourstroke : un VTT en carbone, tout suspendu, équipé de roues de 29 pouces, de freins à disque, d’un monoplateau, d’une transmission et d’un blocage des suspensions électroniques et d’un guidon de 700 mm. Il est même allé jusqu’à utiliser une tige de selle télescopique depuis le début de saison 2016. « Il y a quatre ans, quand Julien nous a rejoint, il était totalement inconcevable qu’il roule sur un tout suspendu », confirme Alex Moos, Team Manager du BMC MTB Racing Team. Comment le Français a-t-il réussi à aller au-delà de sa peur du changement non seulement en adoptant les nouvelles technologies, mais en en faisant ses meilleures alliées ?
Lorsque le VTT n’en était qu’à ses prémices, les vélos et composants étaient une bien simple affaire. Les pilotes prenaient le départ des épreuves de descente et de cross-country sur des vélos qui étaient fondamentalement identiques. Tout cela a bien changé depuis. Il y a désormais de très nombreux aspects sur lesquels il faut se pencher avant le coup de pistolet de départ : Julien donne une importance énorme à son matériel. Changez un petit quelque chose à son vélo sans l’en informer et il s’en rendra compte dès le premier coup de pédaletout suspendu ou semi-rigide ? Quel pneu et quelle pression ? Quels réglages pour les suspensions ? Pour qu’un athlète soit couronné de succès, il doit s’entourer de mécaniciens et de conseillers pour l’aider à répondre à toutes ces questions. « Julien donne une importance énorme à son matériel. Il est très méticuleux et pointilleux mais il a un vrai ressenti pour cela. Changez un petit quelque chose à son vélo sans l’en informer et il s’en rendra compte dès le premier coup de pédale » explique Moos. Cette sensibilité au changement a fait partie intégrante du développement des nouvelles technologies de BMC et de ses partenaires. « Il est excellent lorsqu’il s’agit de retour d’information précis. C’est primordial pour nos ingénieurs et pour nos partenaires. Ça les aide à toujours pousser leurs recherches et leurs produits » ajoute Stefan Christ, Chef Produits pour BMC Switzerland.
Julien Absalon a travaillé en étroite collaboration avec Shimano pour le développement du groupe XTR Di2 lancé au printemps 2015. Cor Van Leeuwen raconte : « Il nous énormément apporté. Il a été le premier pilote à essayer le XTR Di2 ; c’était au printemps 2013. » Une fois convaincu de l’impact positif d’un équipement, le multiple Champion du Monde se comporte comme un enfant avec un nouveau jouet ; il ne peut s’empêcher de jouer avec. « Il voulait courir avec alors que le groupe n’était alors qu’au stade de prototype ! Julien est le pilote le plus professionnel du circuit donc la personne idéale pour tester nos produits. S’il pense qu’ils sont bons, tout le monde les trouvera excellents ! »
Dans le coulisses : Hafjell 2014
Après une saison 2012 décevante, Julien Absalon a intégré le BMC MTB Racing Team en 2013 et a débarqué avec une multitude de vieilles habitudes. Le management de l’équipe a dû imposer ses conditions pour mettre fin à certaines d’entre elles. « Il avait du mal à changer de matériel » se souvient Moos. « Quand il aimait quelque chose, il était difficile de lui faire essayer autre chose. On a donc dû le contraindre, voire le forcer parfois » ajoute-t-il avec un clin d’oeil. « Ça a notamment été le cas avec les roues de 26 pouces qu’il voulait continuer à utiliser en 2013. Mais il n’a pas eu le choix. Il a dû adopter le 29 pouces. »
Malgré les habituelles difficultés éprouvées lors d’un changement d’écurie, une relation de confiance s’est vite instaurée entre le pilote, Moos et les mécaniciens de l’équipe. « Ils se sont toujours montrés très réactifs, avaient de bons arguments et j’ai vite réalisé que ça allait dans le bon sens. » Mais malgré les évidences, Absalon avait toujours cette obsession du poids. « Il a toujours refusé de rouler sur notre tout suspendu, le BMC Fourstroke » se souvient Moos, « tout simplement parce qu’il était plus lourd que le semi-rigide, le Teamelite. Il a perdu un petit paquet de courses à cause des écarts que ses concurrents creusaient dans les descentes techniques grâce à leurs vélos tout suspendus. Je n’étais pas avec l’équipe aux Coupes du monde de Mont-Sainte-Anne Je lui ai fait faire deux tours de reconnaissance avec le Fourstroke et il n’est jamais revenu ! On a dû l’arrêter de rouler !et de Windham, mais je les ai bien évidemment suivies devant mon écran. Il était clair qu’un tout suspendu l’aurait aidé lors de ces deux courses ; alors sans le lui dire, je lui ai fait monter un Fourstroke. Je le lui ai amené à la finale de la Coupe du monde qui avait lieu à Méribel. Il ne voulait pas l’essayer, alors j’ai insisté. Je ne lui ai carrément pas laissé le choix. Il a dû aller faire un tour de circuit avec le vélo.
Il est revenu en disant « C’est pas mal » et qu’il l’utiliserait peut-être pour le Roc d’Azur ». Mais Moos a plus d’un tour dans son sac. Après la course de Méribel, où Absalon termine deuxième derrière Nino Schurter, il a fait emballer les deux Teamelite (un de compétition et un d’entraînement) pour être directement envoyés en Norvège où avaient lieu les Championnats du monde deux semaines plus tard. Absalon n’avait donc plus qu’un Fourstroke pour s’entraîner à la maison. « C’était le seul vélo avec lequel il pouvait rouler. J’ai trouvé une excuse et lui ai fait amener ce vélo aux Championnats du monde où l’utilisation d’un tout-suspendu apportait un réel avantage. Je lui ai fait faire deux tours de reconnaissance avec ce vélo et il n’est jamais revenu ! On a dû l’arrêter de rouler ! »
Absalon a alors découvert un nouveau jouet et a pris tellement de plaisir à le piloter qu’il en a presque oublié la pression des Championnats du monde. La suite, on la connaît. Absalon y a remporté son cinquième titre de Champion du Monde, sept ans Le changement de vélo m’a vraiment remis en selle et au niveauaprès le dernier. « C’était incroyable. Le changement de vélo m’a vraiment remis en selle et au niveau. C’était un énorme risque que de changer de vélo à quelques jours seulement d’une échéance pareille, mais au final, c’est ce dont j’avais besoin. »
Les Championnats du monde ont marqué un tournant décisif dans la carrière de Julien Absalon. C’est alors qu’il a réalisé que le poids n’était pas si crucial et que quelques centaines de grammes supplémentaires pouvaient être facilement compensés par les bénéfices d’une technologie. Le printemps suivant, il a adopté le nouveau Teamelite équipé de la MTT (Micro Travel Technology) et aussitôt remporté sa trentième Coupe du monde.
En 2016, Absalon, désormais en quête constante d’optimisation de son matériel, a franchi une nouvelle étape en équipant ses vélos d’une tige de selle télescopique. Celle-ci, largement répandue en Enduro, permet un plus grand dégagement au niveau de la selle et offre donc plus de liberté dans les sections raides. « La tige de selle télescopique a changé ma façon de rouler. Je franchis mieux les obstacles et peux ainsi aller plus vite et mieux récupérer dans les descentes. » Le désavantage de celle-ci ? Ses 400g. « C’est vrai que ce n’est pas négligeable mais elle offre tellement d’avantages. Au final, c’est le plaisir de rouler qui a fait pencher la balance. « Après quelques séances d’entrainement, il a décidé de l’utiliser en compétition et est ainsi devenu l’un des premiers top pilotes à l’utiliser en Coupe du Monde. Et il est persuadé qu’il en verra beaucoup d’autres à ce niveau très bientôt. Absalon est devenu un précurseur. Qui aurait pensé cela il y a quelques années ? « Pas même moi ! » lâche-t-il avec un large sourire.