Bonjour,
En cette année très particulière, vous aurez tous remarqué que les équipes pro sont toutes parties squatter les cols HC des Alpes et des Pyrénées !!!
Il y a plusieurs écoles, et celle qui a le vent en poupe, c'est le "live high, train low", dormir en altitude, s'entraîner dans la vallée. On sait tous que la Sierra Nevada et le Téide ont les faveurs des grosses écuries pour accueillir des stages.
A notre niveau, plus modeste, il y a beaucoup de choses à faire avec cet entraînement en altitude. Je l'expérimente depuis 20 ans maintenant, et je dois reconnaître que mon organisme s'est habitué, et qu'il est capable de fonctionner de manière remarquable jusqu'à la barre des 3000m.
Mon avis est le suivant:
-dormir haut et s'entraîner à basse altitude permet de concilier une hausse de l'hématocrite et préserver sa puissance sur le plat et sa PMA
-dormir haut et s'entraîner haut permet de faire progresser plus vite l'hématocrite, mais a tendance à faire perdre l'explosivité. En clair, pour un rouleur qui ne passe pas les bosses longues et met 6 longueurs à ses adversaires sur un sprint, c'est quand même le must de l'entrainement: ça permet de passer les bosses longues et de continuer à arranger ses adversaires au sprint. On notera une hausse très importante de la FTP et surtout des W/kg, car généralement, l'affûtage suit: l'organisme brûle les graisses pour s'adapter à l'altitude.
Sur les durées d'adaptation à l'altitude (1800m minimum):
-1 semaine: on prend un bon bol d'air, il faut 1-2 jours pour trouver ses marques, et on revient en plaine avec un léger coup de fouet si on a pas trop borné.
-2 semaines: l'hématocrite commence légèrement à monter, mais est-ce vraiment bénéfique ? Si on s'entraîne correctement on s'affûte bien et on revient en plaine avec un bon niveau général
-3 semaines: l'hématocrite est fortement remonté, la FTP est montée en flèche, mais si on a fait que des cols, on peut avoir du mal à emmener du braquet sur le plat une fois de retour en plaine. 15 jours après le retour en plaine, avec un bon entrainement, on touche le pic de forme: on est puissant sur le plat, on monte les bosses facilement et on termine les sorties longues dans un état de fraicheur remarquable.
Dans mon cas personnel, les progrès en FTP sont très importants, de l'ordre de 40W gagnés en FTP sur un cycle de 3 semaines. Par contre le gain PMA est plus modeste, 10 à 30W maximum. Ceci est certainement dû au fait que je ne travaille pas la PMA en montagne sur route. Sur un cycle plus long, il faudrait faire des montées de cols en fractionné de PMA, exercice terrifiant quand on a déjà du mal à monter un col à 80% de sa FTP !
Pour aller plus loin, je suis adepte du VTT en haute montagne, notamment en cas de canicule. Chemins et sentiers entre 2000 et 3000m d'altitude, avec variations de pentes incessants. Cela oblige à fractionner l'effort, relancer sur 600W quelques secondes pour passer une petite rampe avant de revenir à 150W...
Enfin, chez nous, altitude rime aussi avec descentes, et pouvoir comparer, d'une année sur l'autre, la même descente avec du matos différent, c'est intéressant. Quand on se laisse glisser plusieurs km à 80kmh, qu'on répète le segment plusieurs fois, il y a moyen d'observer les améliorations d'un vélo à un autre.